Opération à main ouverte

Kaylee se réveilla en sursaut en entendant l'alarme se déclencher dans ses quartiers. Il ne s'agissait que d'une activation de la Porte et cela ne nécessitait pas forcément sa présence. Elle resta donc étendue là sans bouger, attendant que ce son désagréable s'arrête.

Mais l'appel sa radio la fit se lever précipitamment. Elle enfila son uniforme à toute vitesse avant de rejoindre en courant l'infirmerie qui se trouvait à côté. Cela ne servait à rien d'aller à la rencontre de l'équipe d'urgence qui allait arriver. Mieux valait s'occuper d'organiser les choses ici.

« Préparez le bloc immédiatement ainsi que plusieurs unités de sang pour le Lieutenant West. Et tenez-vous prêts pour une radio et un scanner de sa main droite dès son arrivée pour évaluer les dégâts. » lança-t-elle au personnel déjà en pleine effervescence.

Le brancard arriva quelques minutes plus tard et Jeremy lui fit un bilan, répétant ce qu'il avait déjà dit.

« Sa TA est très basse, pouls rapide et filant, saturation à 84 %. » annonça-t-il, ce que confirmait les différents appareils reliés au lieutenant, tandis que le personnel le transférait sur un lit.

« Ouvrez les perfusions à fond et posez tout de suite deux culots de sang. Nous devons le stabiliser un minimum avant d'opérer. Faites-moi également un bilan pré-op complet ainsi qu'une recherche de toxique. »

Un coup d'œil à l'heure inscrite sur le garrot lui apprit qu'ils devaient agir vite. Elle prit des ciseaux et découpa le pansement rudimentaire qui protégeait la blessure pour l'observer. Elle la retourna délicatement. La blessure était mauvaise et grave et elle ne doutait pas qu'elle allait devoir passer de longues heures au bloc pour tenter de réparer les dégâts.

« Plaie perforante des deux côtés. Il va falloir la nettoyer et la désinfecter avant de partir au bloc. »

Elle s'écarta pour laisser passer les radiologues et enfila le tablier de protection. Elle savait qu'il était vain de vouloir effectuer un examen neurologique en raison du garrot, mais elle pouvait au moins lui poser quelques questions.

« Lieutenant, est-ce que vous m'entendez ? J'ai deux questions. Vous souvenez-vous si vous étiez capable de bouger vos doigts et votre main après avoir été blessé ? Et est-ce que vous pouvez me dire si vous sentez quelque chose dans votre main ? »

Les radios étant faites, elle donna de nouvelles instructions pour la suite.

« Emmenez-le au scanner puis préparez-le pour le bloc. Apportez-moi tous les résultats là-bas. Et apportez aussi d'autres culots de sang. Nous allons en avoir besoin. Je vais me changer et je vous rejoins. » dit-elle.

« Dr Doyle, tâchez de voir si vous pouvez analyser ce produit pour savoir de quoi il s'agit et tenez-moi informer si vous trouvez quelque chose. » demanda-t-elle au généticien.

Elle aurait voulu avoir le temps de faire les analyses avant d'opérer afin d'éviter des interactions médicamenteuses potentiellement mortelles, mais elle savait qu'elle ne pourrait pas attendre les résultats. Le temps lui était compté et elle devait retirer le garrot dans les plus brefs délais pour éviter des dégâts permanents.

Puis elle se dirigea vers le vestiaire, un bien grand mot pour désigner le coin aménagé à cet effet, pour enfiler une tenue de bloc et se préparer.

Lorsque Kaylee rejoint son équipe au bloc, le lieutenant était intubé et l'anesthésiste avait déjà officié. Elle enfila les gants et la blouse après s'être dûment laver les mains puis se dirigea vers les radios qui avaient été affichées. Elle ne put retenir une grimace. Et dire que leur chirurgien orthopédiste résident était rentré sur Terre il y a quelques jours pour des vacances bien méritées.

« Fracture comminutive au niveau des carpes et métacarpes. Le capitatum est en miettes, le trapèze est aussi aussi touché… » commença-t-elle avant de passer au scanner sur lequel elle put voir l'étendue du massacre.

Plusieurs muscles avaient été déchirés tout comme les ligaments et les tendons qui s'étaient trouvés sur le chemin de la lame. Et elle soupçonnait également une section de l'artère cubitale pour expliquer l'hémorragie, voir peut-être aussi de l'arcane veineuse dorsale. Celui qui avait blessé Adam avait pris un malin plaisir à littéralement remuer le couteau dans la plaie pour provoquer le plus de dégâts possibles.

« Je vais examiner très rapidement la blessure et nous retirerons le garrot tout de suite après pour rétablir la circulation et évaluer plus précisément l'ampleur des dégâts. Une fois que cela sera fait, nous pourrons déterminer comment procéder pour la réparation de la main. » dit-elle.

Ce n'était pas beau à voir. Son examen visuel confirma ce qu'elle avait vu sur les radios.

« Allez, on commence. » dit-elle.

Le retrait du garrot était une opération délicate et pouvait s'avérer mortelle pour le patient en raison de l'accumulation de toxines dans son sang. Dire qu'en temps normal, une opération de la main se faisait justement à l'aide d'un garrot pour faciliter les choses et éviter certaines complications. Mais ici, cela allait s'avérer compliqué…

[Lancer de dé : Chirurgie 81-99]

La procédure prit un certain temps, mais se déroula sans problème particulier. Une fois la circulation correctement rétablie, ils constatèrent que le garrot n'avait pas causé de dégâts irréparables aux tissus. Au moins le lieutenant allait-il garder sa main. En revanche, les dégâts neurologiques ne pourraient être estimés qu'après l'opération. Mais elle savait après avoir examiné la blessure et les dégâts internes qu'il y aura des séquelles permanentes et que le lieutenant ne récupèrerait jamais l'usage complet de sa main.

« Il va me falloir des broches et des vis pour tenter de reconstruire les os et faire en sorte qu'ils se ressoudent le mieux possible. Et il va ensuite falloir réparer les muscles et les ligaments puis enfin l'artère et les autres vaisseaux sanguins qui en auront besoin. Nous en avons pour plusieurs heures… Alors au travail, messieurs dames ! »

Sur ces mots, elle se lança dans cette opération fort complexe.

[Lancer de dé : Chirurgie 81-99]

Remettre les fragments d'os en place s'avéra particulièrement ardu et lui prit énormément de temps.

Plusieurs heures plus tard, l'équipe chirurgicale finit par sortir du bloc. Elle retira sa blouse et autres protections du bloc et s'étira avant de s'adosser au mur. Elle avait fait tout ce qu'elle pouvait et désormais, il ne restait plus qu'à attendre le réveil du lieutenant.

Le membre 'Kaylee Beckett' a effectué l'action suivante : Lancer de dés

---

'Résolution (81-99)' :

Après s'être assurée que le Lieutenant West était bien installé et avoir donné ses consignes, Kaylee était allée chercher de quoi manger au mess avant de retourner à l'infirmerie pour commencer à écrire son rapport postopératoire et s'attaquer à la paperasse pour les demandes qu'elle avait à faire.

Après un certain temps, une infirmière vint l'informer qu'Adam s'était réveillé. Elle se leva et se rendit à son chevet.

« Bon retour parmi Lieutenant. Comment vous sentez-vous ? » dit-elle en l'examinant rapidement.

Elle savait que ce n'était pas ce qu'il attendait, mais elle devait malgré tout suivre le protocole. Une fois qu'elle eut terminé, elle entra dans le vif du sujet.

« La blessure dont vous souffrez est grave. Nous avons réussi à sauver votre main, mais les dégâts étaient très importants tant au niveau des os que des muscles et autres tissus. Nous avons fait le maximum, mais vous aurez des séquelles permanentes. Dans quelle mesure, je ne peux pas vous le dire, il est trop tôt pour cela et cela va aussi dépendre de votre guérison et de la rééducation. Mais attendez-vous à des choses comme une raideur permanente et des douleurs. »

Elle le laissa digérer cette information quelques secondes avant de poursuivre.

« Pour la suite, votre main va être plâtrée d'ici quelques jours pour environ 4 semaines et vous allez être arrêter complètement pendant trois mois, avec interdiction formelle de faire du sport ou toute activité impliquant de solliciter votre main. La rééducation, quand à elle, commencera dès que possible. En règle générale, elle dure environ six mois. » commença-t-elle.

« Et vous allez retourner sur Terre pour la durée de votre arrêt et recevoir les soins dont vous avez besoin. »

Elle leva la main pour stopper toute protestation, qui étaient habituelles. Elle avait déjà entamé les démarches et les demandes en ce sens étaient prêtes à partir avec son dossier.

« Avant de m'interrompre, écoutez-moi jusqu'au bout. Je suis certaine que vous voulez mettre toutes les chances de votre côté pour récupérer l'usage de votre main le plus possible. Et ce n'est pas sur Atlantis que cela arrivera. À mon grand regret, nous ne disposons ni du personnel ni de l'équipement pour cela. Notre orthopédiste n'est même pas ici pour le moment et ne reviendra pas avant un bon mois. Alors que dès votre retour sur Terre, vous serez pris en charge par des spécialistes tant au niveau du suivi chirurgical que pour votre rééducation. Et avant de me dire que je pourrais les faire venir, vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas aussi simple et que cela prend du temps, si la demande est acceptée. Or plus vous serez pris en charge rapidement, plus vous augmenterez vos chances. » lui expliqua-t-elle.

C'était de loin la solution la plus simple. Elle ne précisa pas que de toute façon, il n'avait pas vraiment son mot à dire. C'était une décision dans l'intérêt du patient. La Cité n'était pas le meilleur endroit pour une convalescence de longue durée et c'était pour cette raison que le protocole prévoyait que les blessés nécessitant un suivi spécialisé et plusieurs mois de récupération soient renvoyés sur Terre dès que possible pour recevoir les soins adéquats. Mais elle savait aussi que mieux valait qu'il accepte le traitement et parte de son plein gré. Un état d'esprit positif était primordial dans le processus de guérison.

« Est-ce que vous avez des questions ? » lui demanda-t-elle.

Au moins Adam n'émit-il aucune protestation contre ses recommandations. Kaylee en fut soulagée, car cela signifiait qu'elle n'allait pas avoir à se battre avec lui pour lui faire accepter ses décisions, et ce même s'il n'avait pas vraiment le choix en la matière de toute façon.

Puis Adam se désintéressa d'elle pour s'adresser à Aleyna qui était arrivée pendant leur discussion. Autant pour le respect de la confidentialité des discussions entre un patient et son médecin. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait et elle avait l'intention d'y remédier en mettant en place une règle qui interdirait aux visiteurs de s'approcher des malades qu'ils venaient voir sans avoir d'abord reçu l'aval du personnel médical, surtout si le patient parlait avec un médecin. Certaines choses devaient rester entre un patient et son médecin et n'avaient pas à être entendues par le premier venu qui passait dans le coin. C'était au patient de décider ce qu'il voulait que les autres sachent et qui pouvait ou non entendre ce que le médecin avait à dire. C'était un principe auquel elle tenait et qui était sacrosaint dans son milieu.

Vu le regard qu'échangèrent les deux militaires, elle n'avait aucun doute sur le fait que leur relation était bien plus que professionnelle, aussi décida-t-elle qu'il était temps pour elle d'aller voir ailleurs. Même si après tout, rien ne l'empêchait de rester, vu qu'elle était le médecin d'Adam et qu'elle avait des choses à vérifier. Mais ce qu'ils allaient se dire ne la regardait pas et surtout, ne l'intéressait pas du tout.  

« Si vous avez des questions ou si vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à demander au personnel ou à me faire appeler. » dit-elle à Adam.

Elle se tourna vers Aleyna :

« Lieutenant, je ne peux vous autoriser à que quelques minutes. Il vient de subir une opération importante et des blessures graves, et il a besoin de se reposer pour l'instant. Et la prochaine fois, si vous voyez un médecin en discussion avec un patient, veuillez attendre jusqu'à ce qu'ils aient terminé avant de vous approcher. Les propos qui sont échangés entre eux sont confidentiels et je vous demanderai de bien vouloir respecter cela à l'avenir. » lui expliqua-t-elle avant de s'éloigner pour aller voir un autre patient.